Le Musée Départemental Breton s’organise autour de quatre grands axes thématiques qui se répondent et se complètent : archéologie et histoire, arts et traditions populaires, faïences, beaux-arts. Chaque visite donne matière à comprendre et ressentir la spécificité de la Cornouaille, du Mésolithique jusqu’au XXe siècle.
1. Archéologie : la Cornouaille des origines
La collection archéologique représente près de 10 000 objets, constituant le fruit de multiples fouilles et collectes sur l’ensemble de la Cornouaille. Ces collections témoignent de la singularité de ce territoire, entre terre et mer, et de la continuité des hommes qui l’ont peuplé.
- Préhistoire : Outils en silex du Mésolithique, poids en pierre pour filets de pêche (confirmant ainsi une activité côtière précoce), premiers bijoux en bronze ou stèles protohistoriques gravées venant du Cap Sizun ou de la presqu’île de Crozon.
- Âge du bronze et du fer : Fibules, épées, objets funéraires trouvés sur des sites telle la nécropole de Trégunc, objets gallo-romains comme les céramiques de Port-Launay.
- Moyen Âge : Tessons médiévaux issus de la cathédrale de Quimper, têtes sculptées de personnages religieux ou profanes.
Anecdote : Le musée conserve le remarquable trésor de Pennarun, découvert en 1887 à Douarnenez, un ensemble de bijoux datant de l’âge du Bronze, offert à l’époque au Musée par la Société Archéologique du Finistère.
2. Costumes traditionnels du Finistère : une collection d’une richesse unique
Ici, le temps se suspend devant la plus grande collection de costumes traditionnels de Cornouaille au monde : près de 2 000 pièces textiles, vêtements complets, broderies, coiffes et accessoires de 1850 à 1950. Cette ressource précieuse permet de découvrir la diversité des paroisses et “pays” du Finistère, chaque costume racontant une appartenance, un statut social et même le calendrier des fêtes.
- Coiffes de mariées magnifiquement brodées de Pont-l’Abbé, bonnet bigouden au sommet impressionnant, rubans de deuil ou de fête, tabliers à fines broderies blanches (“broderie de Quimper”) ;
- Gilets de Pont-Croix aux passementeries chatoyantes ;
- Épatants costumes de pêcheuses et de sardinières, portés à Douarnenez ou Concarneau durant la grande époque des conserveries ;
- Ensembles d’hommes en drap sombre ou longue redingote de noces, véritables œuvres d’art textile baroques.
Cette collection sert non seulement de référence aux chercheurs et costumiers de cercles celtiques en quête d’authenticité, mais aussi d’inspiration à de nombreux créateurs contemporains (ex : Pascal Jaouen).
3. Objets de la vie quotidienne et traditions populaires
Dans le dédale de salles voûtées, le musée expose un foisonnement d’ustensiles, outils, jouets et meubles anciens, témoins matériels de la société rurale, maritime ou urbaine.
- Poteries et faïences utilitaires des XVIIIe et XIXe siècles, crédences et vaisseliers de Cornouaille ;
- Mobilier rustique : lits clos, armoires de mariage, berceaux en osier, etc.
- Outils de métiers disparus : outils pour la préparation du lin, de la laine, filets de pêche, poissons sculptés comme ex-votos ;
- Objets religieux populaires : statuettes en bois polychrome, bannières de processions brodées, reliquaires.
On y découvre la singularité de rituels locaux, comme la tournée du “meneur de loups” à la Saint-Jean, ou la fabrication d’objets votifs à l’occasion des pardons.
4. Les faïences de Quimper : un savoir-faire séculaire et rayonnant
La faïence de Quimper rayonne dans toute la Bretagne, et au-delà. Le musée présente un panorama exceptionnel de cet art séculaire, avec plus de 3 000 pièces répertoriées : faïences Saint-Jean, HB-Henriot, Porquier, Kéraluc, et des “fabriques” moins connues.
- Pièces du XVIIIe siècle : vaisselle, plats ornés de décors “à la touche”, vierges de faïence, assiettes à motifs religieux ou champêtres, saladiers historisés…
- Créations Art Déco : œuvres modernistes de René Quillivic, Berthe Savigny, ou Georges Robin pour la faïencerie Keraluc après-guerre.
- Objets insolites : pipes, têtes humoristiques ou statuettes de saints, rappelant l’inventivité des artisans.
La collection suit aussi l’histoire des grandes familles d’artisans faïenciers, et l’évolution des motifs typiquement bretons (le fameux “petit breton” en costume et ses variations !).
5. Beaux-arts : reflets picturaux et artistes inspirés par la Bretagne
La Cornouaille, grâce à sa lumière et la force de son identité, a attiré de nombreux artistes depuis le XIXe siècle. Le Musée Départemental Breton conserve des œuvres majeures, pour beaucoup issues des écoles artistiques de la région.
- Toiles d’artistes bretons ou inspirés par la Bretagne : Louis-Marie Garin, Yan’ Dargent, Jean-Julien Lemordant, Lucien Simon…
- Dessins et estampes : Représentations de marchés, scènes de vie quotidienne, paysages du pays bigouden ou du Cap-Sizun.
- Affiches anciennes et estampes populaires : témoignages de la diffusion d’une iconographie bretonne jusque dans la culture populaire.
Certaines œuvres témoignent de rencontres entre artistes et habitants, du développement du folklore, et font écho aux grandes expositions de Pont-Aven ou Concarneau.